Jouir, en quête de l’orgasme féminin

Jouir, en quête de l’orgasme féminin

L’essai Jouir, en quête de l’orgasme féminin, de l’autrice et journaliste canadienne Sarah Barmak a paru en France en octobre 2019 grâce à la super maison d’édition Zones – celle-là même qui a publié Sorcières de Mona Chollet. Comme la sexualité et plus particulièrement la sexualité féminine est un sujet qui m’intéresse de plus en plus, je me suis empressée de l’acheter pour le lire dans la foulée. Ce n’est pas une lecture qui m’a bousculée comme je l’aurais aimé. Je n’ai pas refermé le livre en ayant le sentiment d’avoir vraiment appris quelque chose.

Orgasme féminin, une quête enthousiasmante

Néanmoins, je l’ai trouvé utile – c’est d’autant plus vrai si c’est un sujet avec lequel vous n’êtes pas à l’aise. Utile pour réaliser à quel point la sexualité des femmes est complexe – pas que celle des hommes ne le soit pas mais ce n’est pas le propos – et qu’elle nécessite un temps que nous n’avons pas (ou que nous ne prenons pas) toujours. Mais aussi de la curiosité et un travail de déconstruction afin de se débarrasser à la fois des représentations stéréotypées qui altèrent nos imaginaires. Tout comme des pensées négatives sur nous-mêmes qui envahissent nos esprits au lit, de sorte que l’on est incapable de lâcher prise et donc de jouir.

C’est un essai enthousiasmant et encourageant, même si certains passages ne m’ont pas tout à fait intéressée. Notamment quand l’autrice énumère plusieurs entreprises américaines qui aident les femmes par des moyens qui m’ont laissée perplexe.

Déconstruire et investir sa propre sexualité

Ceci dit, il donne envie d’investir sa propre sexualité tout comme de se laisser tranquille. Tant pis si notre libido est en berne pendant quelques mois, quelques semaines, tant pis si l’orgasme ne sera pas pour cette fois. Il invite à se questionner et se découvrir sans jamais tomber dans l’injonction, avec beaucoup d’inclusivité. J’ai aussi apprécié qu’il n’érige pas la polygamie en modèle réponse à tout, comme cela peut être le cas dans d’autres discours sur la sexualité que j’ai lus et entendus.

Comme si multiplier les partenaires était la solution parfaite alors que multiplier les expériences avec un-e seul-e partenaire n’est pas moins plaisant, au contraire ! L’autrice a une position rassurante et intéressante sur le désir dans le couple : comment traverser les années sans se lasser ? Il y a des pistes de réponses dans le livre.

Sexualité féminine : ouvrir la discussion

C’est une lecture que je vous conseille pour ouvrir la discussion avec vous-même dans un premier temps. La sexualité a été confisquée aux femmes. C’est un domaine auquel elles ne sont pas censées s’intéresser parce que ça fait mauvais genre, c’est suspect. Et cette croyance s’imprime dans nos inconscients, sans parler de tous les freins que l’on s’impose à travers les préoccupations liées à notre apparence. Tout ceci empêche d’atteindre l’orgasme féminin pourtant si empouvoirant.

Je vous laisse avec une citation de Chimamanda Ngozi Adichie, autrice féministe nigériane, qui apparaît dans les dernières pages du livres, extraite de sont TED Talks Nous devrions tous être féministes : « Nous apprenons la honte à nos filles. Croise les jambes. Couvre-toi. Nous les persuadons qu’elles sont coupables simplement parce qu’elles sont de sexe féminin. Aussi, en grandissant, deviennent-elles des femmes incapables d’exprimer leur désir. Qui s’imposent le silence. Qui ne peuvent dire ce qu’elles pensent. Qui ont élevé la simulation au rang d’une forme d’art. »

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4 commentaires

  1. Pauline

    Totalement d’accord avec cet avis sur ce livre ! Il est sympa mais m’a laissée sur ma faim, j’en attendais beaucoup plus. Et en fait, étant agacée par l’injonction à l’orgasme, j’en attendais aussi un discours déculpabilisant pour toutes les femmes qui ne jouissent pas – et parfois qui s’en foutent. Je n’ai pas tout à fait trouvé ça. Et alors les entreprises qui ressemblent à des sectes… en fait je pense que ce livre est daté, parce qu’il a été écrit en 2009, où il était peut-être plus révolutionnaire. Mais il arrive en France avec 10 ans de retard. Merci pour cet article, ravie de te relire par ici. Bises !

    • LaëtitiaAutrice

      Oui je comprends tout à fait et tu fais bien de souligner qu’il a été écrit il y a plus de 10 ans, ça change la perspective ! Peut-être qu’aujourd’hui l’autrice tiendrait un discours différent sur l’injonction à l’orgasme ?

  2. Héloïse

    Bonjour Leatitia,
    Ce livre a attisé ma curiosité à sa sortie sans pour autant me donner envie de l’acheter. Ton avis m’éclaire un peu plus sur ce qu’il peut contenir. De mon coté, j’ai adoré « Come as you are » d’Emily Nagoski que j’ai trouvé très intéressant et bien construit. Décomplexant sur certains points il offre également plusieurs pistes de réflexion et de déconstruction. Ensuite à chacun.e de cheminer dans sa sexualité.
    Je déplore juste qu’il n’ai toujours pas été traduit en français, pour moi c’est un livre à mettre entre toutes les mains.

    Belle journée à toi :)

    • LaëtitiaAutrice

      Coucou Héloïse, ah oui j’avais noté le livre d’Emily Nagoski ! Il y a un épisode de Quoi de meuf qui en parlait en faisant le parallèle avec celui de Sarah Barmak. Les hôtes en faisait l’éloge : je ne sais pas si je suis passée à côté ou quoi mais je n’ai pas trouvé que sa pensée était particulièrement révolutionnaire et je rejoins l’avis de Pauline plus haut. Ceci dit, ça reste intéressant !