Une question de perception

Vous avez remarqué ce phénomène un peu étrange qui fait qu’un jour, en croisant votre reflet dans le miroir, vous allez vous trouver jolie et que le lendemain – alors que normalement, rien n’a fondamentalement changé dans votre visage et silhouette – vous allez vous trouver affreuse ?

Vous avez aussi remarqué à quel point on est indulgent envers les autres et souvent bien plus exigeant envers nous-même ? Le récent article de Victoria a fait écho à ce à quoi je réfléchissais pas plus tard qu’il y a dix jours lorsque j’étais chez mes grands-parents en Italie. Je regardais de vieilles photos, et puis je suis tombée sur quelques unes de moi à 15 ans. A l’époque, je faisais 8 kilos de moins qu’aujourd’hui et à l’époque, je me trouvais trop grosse. Alors que clairement, tout allait bien.

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J’ai eu un rapport à un peu chaotique à mon poids depuis l’adolescence. A 14 ans et des années de réflexions désagréables sur l’épaisseur de mes cuisses par mes gentilles petites camarades de collège (et même de primaire ! « les enfants sont formidables… ») encaissées, j’ai décidé de me mettre au régime. A posteriori, je me dis que se mettre au régime à 14 ans, c’est quand même gravos. Pendant des mois, je notais tout ce que je mangeais sur un petit cahier et l’évolution de mon poids de semaines en semaines.

Je mangeais n’importe comment dans des quantités de petites souris et je faisais du sport à gogo. Je me souviens même m’être mise à faire des abdos-fessiers en rentrant d’une soirée à la crêperie. Sincèrement, si je pouvais revenir en arrière et parler à l’ado que j’étais, je lui tirerais les oreilles !

Faire de la danse n’aide pas non plus à aimer ses jambes quand elles ne sont pas longues et fines. J’avais une professeure qui ne se gênait pas pour me dire que je n’avais pas le corps d’une danseuse et qu’à cause de lui, je ne pourrais jamais rien faire à l’échelle professionnelle. Un peu traumatisant quand tu entends ça à l’âge de 12 ans. Mais que faire contre une morphologie à part l’accepter ?

Je suis descendue jusqu’à 53 kilos pour 1m68, ce qui sur le papier n’était pas spécialement affolant mais sur moi, avec la taille de mes os, ma morphologie, ça faisait trop mince. On voyait mes côtes, les os de mon bassin ressortaient, mon visage était creusé, etc. Mais j’étais contente, je rentrais dans du 36 à l’aise et on me fichait la paix avec mes jambes. C’est alors devenu un jeu, le jeu de perdre du poids toujours plus, de voir le chiffre de la balance toujours baisser. Olivia, l’auteure de la BD Dodue parle d’ailleurs très bien de cet effet pervers dans cette vidéo.

Ca a duré quelques années comme ça et puis, en colonie de vacances, une année, on disait sur mon compte : « Elle est horriblement maigre, quand elle s’assoit, elle n’a même pas de bourrelet, on voit les os de son dos, bla bla ». On racontait que j’étais anorexique, que je ne mangeais rien, et ça m’a beaucoup blessée. Je ne me voyais pas comme ça et pourtant… J’étais trop mince. Ca a été un choc électrique.

J’ai repris du poids en me jetant sur des montagnes de sucreries. Je faisais des petits-déjeuners gargantuesques mais je culpabilisais. Je disais à mon entourage de cacher les paquets de cookies pour ne pas que je fasse un massacre le lendemain matin. Une fois le poids repris, ça n’allait toujours pas. Je ne me sentais pas bien dans ce corps. A 19 ans, j’ai pris rendez-vous avec un nutritionniste connu et médiatisé. Je faisais 59 kilos et je voulais perdre 4 kilos. Il m’a fait suivre un régime déprimant où ton seul goûter, petit plaisir sucré de la journée, c’était 3 abricots secs. La folie !

D’une année sur l’autre, je perdais, puis reprenais du poids. Et puis, je suis retombée dans mes vieux démons à l’époque où j’étais en licence de Lettres. Je mangeais n’importe comment et n’importe quand. Il m’est même arrivée que mon repas du midi soit un paquet de Petits écoliers entier. J’ai alors dépassé la barre des 60 kilos et je l’ai très mal vécu. Aujourd’hui encore.

Je me sens mieux et plus en paix avec mon corps depuis que je suis végétarienne. Mes repas sont davantage équilibrés, je ne me rue plus sur des gâteaux industriels, j’ai moins d’obsession avec mon poids et surtout, je préfère manger sain plutôt que gras.

J’aimerais tout de même perdre 5 kilos mais je ne me donne pas de limite dans le temps pour y parvenir. J’essaie de moins manger et de refaire plus de sport, de manière plus régulière car depuis que j’ai arrêté la danse (je compte bien reprendre dès que je trouve un bon cours à l’année à Paris donc si vous avez des conseils pour une bonne école de danse classique, je suis preneuse !), je me sens plus flemmarde. Dans un premier temps, je me suis fixée l’objectif de courir deux fois par semaine et de compléter cette activité avec une séance de musculation. Le tout est d’arriver à se motiver lorsque l’on rentre à 20h30 chez soi après s’être levée à 6h30. Pas toujours simple… Mais l’écrire ici, savoir que vous allez me lire, va me donner un peu d’énergie ! ;)

Tout cela pour dire que revoir des photos de moi à 15 ans en repensant à ce que je pensais de moi à l’époque, lire les billets de Victoria et Zoé, entendre quelques filles de mon entourage se plaindre de leur physique et s’attarder sur des choses que nous, les autres, ne remarquons pas, m’a fait prendre plus que jamais conscience que tout est une question de perception.

La meilleure chose à faire est de trouver son équilibre, d’accepter sa morphologie, de faire du bien à son corps en mangeant sainement (et pour ça, je vous conseille les articles de Laurelas sur le Raw food et les cures de jus) et surtout… Chose peu facile… Etre en paix avec soi-même et autant que faire se peut, s’aimer. Au moins un peu.

Allez, on relève le défi ? ;)

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26 commentaires

  1. Marion

    Quel joli article !
    Je suis complètement d’accord sur le fait que tout est une question de perception.
    Mais le principal c’est d’être bien avec soi même, on aura toujours des passages un peu plus maussades et compliqué et ce temps grisâtre ne nous aide pas mais finalement qui a dit que les filles très minces étaient les plus belles..
    En tout cas je te trouve très jolie, et tu sembles si bien avec toi même aujourd’hui que c’est ce qui compte.

    Bisous,
    et nouvelle fois un grand bravo pour ce belle article casse gueule mais que tu as réussi à écrire haut la main.

    • LaëtitiaAutrice

      Merci beaucoup Marion pour ton gentil commentaire. Je ne suis pas tout à fait, tout à fait bien dans mon corps mais j’essaie ;)

  2. Bulle

    Hey :)
    Moi aussi j’ai eu des copines pas tip-top (au collège, c’était : tu es trop jeune pour avoir des soutien-gorges, c’est pour ça qu’on se moque de toi) et fait de la danse classique. A Noël, mes parents m’emmenaient voir un ballet à l’Opéra et je revenais toujours déprimée d’être trop grosse… Maintenant que mon année est finie, j’ai envie de reprendre le sport moi aussi :) Et je deviens végétarienne sans trop me mettre la pression, mais j’ai l’impression de mieux manger, et même sans perdre de poids, j’ai l’impression de dégonfler et surtout d’être mieux dans ma peau. Parce que mine de rien, quel que soit le poids, c’est ça le plus important ;) Je suis à fond avec toi !
    bisous

    • LaëtitiaAutrice

      Oui, c’est fou l’effet bénéfique que peut avoir le simple fait de se reprendre en main, de mieux manger, etc. Ce n’est pas qu’une question de chiffre, c’est vrai :)

  3. Stéphanie K

    Le principal, c’est d’être bien dans sa peau. Tu es très jolie donc tu ne peux que l’être à l’heure d’aujourd’hui malgré les critiques dans ton passé :)

    Des bisous

    • LaëtitiaAutrice

      Merci Stéphanie :)

  4. Clarisse

    Juste merci infiniment Laetitia pour ce billet, très touchant et vrai. <3

    • LaëtitiaAutrice

      Merci Clarisse :)

  5. Mystinguett

    Hello,
    Comme tu le dis, il y a des jours ou on se trouver horrible et des jours ou finalement on est assez fière de notre reflet dans le miroir. Je pense que les « humeurs » ont un rôle très important dans l’image que l’on a de nous même. Se sentir bien dans sa peau (Etre à l’aise avec ses formes, son poids, ses défauts) c’est avant tout s’aimer comme on est. Si on s’aime, on prend soin de soi (on mange bien, on dort bien, on fait un peu de sport, on rit …) et immanquablement on resplendit. Le bien être n’est pas qu’une affaire de kilos … La malbouffe et les kilos mal vécus sont souvent lié à une alimentation « émotionnelle » lorsqu’on doute, on stresse. C’est cela qu’il faut combattre et savoir se faire du bien dans les moments difficiles autrement qu’en mangeant n’importe comment :)
    Je te trouve un peu sévère avec toit-même. Tu es resplendissante!

    Mystinguett

    • LaëtitiaAutrice

      Ah ça je suis d’accord à 100 % pour le rapport émotionnel à la nourriture, c’est d’ailleurs un peu ça qui me pose problème ^_^ Quand je suis fatiguée, crevée de ma journée, j’ai plus envie de me jeter sur des aliments réconforts que les jours où je suis reposée :) Merci en tout cas pour ton commentaire !

  6. Chloé

    J’ai lu ton article hier, en fin de soirée, je n’ai pas eu le courage de le commenter de suite, et j’y ai beaucoup pensé depuis, car mon rapport avec mon poids est bien compliqué en ce moment… Je suis une fille très très très nerveuse, angoissée par tout et n’importe quoi, avec tout ce qui s’ensuit: nausées nerveuses, problèmes de santé (colopathie), rongeage d’ongles, problèmes de peau, insomnies… (la totale). Pourtant, je m’amuse, je sors etc. Forcément, le chocolat est mon meilleur allié. (Tu me comprends) Cette année, je me suis reprise en main (sport, séances de cuisine pour me détendre, et écriture pour mon blog), et ça va mieux^^ J’ai donc réussi à arrêter de ronger mes ongles, et réduit mais pas totalement supprimé mes fringales et envies de grignotage. J’ai plus ou moins la même carrure que toi (1m68 et courtes pattes assez musclées donc pas fines, quoique tu parais plus grande et plus fine que moi^^), et j’ai perdu sans m’en rendre compte 3kg ces dernières semaines, ce qui, en réalité, ne se voit absolument pas haha :D .(Je ne m’accepte pas encore, évidemment. Prendre confiance en soi n’est pas encore gagné!) Donc oui, comme tu l’expliques dans ton touchant article , s’accepter et être bien dans sa peau nécessite d’être en paix avec soi-même. Je comprends qu’en rentrant du travail , vidée, tu n’aies pas envie d’aller te dépenser. (J’étais pareil^^) Après avoir rapidement abandonné les séances de course, piscine, « détente »… je me suis inscrite au step en septembre, et j’aime beaucoup, ça m’amuse, ça défoule, et pendant 3/4h tu n’as le temps de penser qu’à ta choré… Ca me fait un bien fou, et , même fatiguée, je suis contente d’y aller… Essaie de trouver un sport qui te fasse du bien, et la motivation suivra! (même si tu ne peux y aller que le samedi :/ )

    • LaëtitiaAutrice

      Merci Chloé pour ton commentaire auquel je ne réponds que maintenant :( Je suis assez d’accord avec toi sur le fait qu’il faut se bouger pour se bouger (haha) et qu’après, on est contente de s’être motivée (la magie des endorphines !). Le week-end, j’en profite pour me faire une longue session running le samedi et 1h de musculation le dimanche. J’ai téléchargé une appli (Nike NTC) que je trouve hyper bien fichue et pour le moment, je n’ai pas manqué un seul entrainement ;)

  7. Chloé

    PS: et sur les photos (en sachant que les photographies mettent rarement en valeur) tu es très bien comme tu es et très jolie! Ne t’affame pas non plus! :/

    • LaëtitiaAutrice

      Nooon, je suis bien trop gourmande pour ça :p

  8. Axelle

    Pfiouuu quel défi !!
    Merci pour cet article, jolie vidéo, je pense que je vais acheter le livre…
    En effet suite à un traitement médicamenteux j’ai pris près de 40 kgs !! et oui tant que ça…que je n’arrive pas à perdre sur le long terme car ce traitement m’a causé de nombreux autres désagréments, entres autres dérèglements hormonal et métabolique, la joie quoi !!! lol
    Vous imaginez bien à quel point je ne m’accepte pas du tout ! Comme toi, ado j’étais toute mince (48-50kg pr 1,70m) et tout le monde (mm la famille) me disait que j’étais grosse…et je les croyais ! Quand j’y repense je me dis que je me suis « bouffer » la vie pr rien et que j’aurais mieux fait de profiter, m’enfin…
    J’espère que nous arriverons toutes à nous accepter telles que nous sommes et que nous profiterons un maximum de tous les petits bonheurs de la vie ! ;)
    Carpe diem , hein ?!!
    Perso je te trouve magnifique, tu n’as rien besoin de changer mais je comprends tout à fait l’envie et le besoin de changer quelque chose…
    Ce sera long mais vive l’acceptation de soi : courage !!! :)

    • LaëtitiaAutrice

      Merci beaucoup Axelle pour ton commentaire ! Je suis de tout coeur avec toi et t’envoie plein de courage :)

  9. Laurelas

    J’ai lu ton article hier soir, et m’y suis un peu reconnue. Tous ces articles (enfin le tien, celui de Vic et Zoé aussi) sur le poids/bien être, tout ça, ça fait forcément réfléchir sur soi-même un peu.

    Je n’ai jamais été un poids plume, sauf avant d’entrer à l’école (j’étais pas à la maternelle) du coup ma maman a toujours dit que je me suis peut être un peu enveloppée pour me « protéger » des autres/de l’extérieur. J’ai eu une adolescence ingrate, mais vraiment, j’étais hideuse et affreusement complexée, et clairement en surpoids. Et puis au lycée ça a été la renaissance, puis à Paris, la fac, la liberté… Comme quelqu’un l’a dit plus haut, mes variations de poids sont liées à mon « alimentation » émotionnelle. Et plus je vais bien, plus je mincis et resplendis on dirait.
    Et comme dans ma vie, je vais de mieux en mieux avec les années…

    Par contre, je ne sais pas si je serai un jour arrivée à mon poids idéal – serais-je un peu ronde tout le temps? On verra. Mais à vrai dire, en ce moment, ça ne me préoccupe pas tant que ça, et tant mieux. J’ai aussi mes moments où j’aimerais bien être plus mince ou différente, mais n’est-ce pas notre lot à toutes? (et tous?)

    Bref. Moi je te trouve si jolie, et crois-moi, tu l’es <3

    • LaëtitiaAutrice

      Ma choupette, tu es un peu un modèle pour moi en matière d’alimentation ! J’aurai tellement aimé avoir une maman comme la tienne qui fait du bien à son corps en ne mangeant pas n’importe quoi. A mon avis, tu risques d’être très jolie aussi dans 40 ans et ça c’est COOL !

  10. stephanie

    très très très bel article…et oui, tout est question de perception…les régimes à 14 ans, je connais, et je me tirerais bien les oreilles aussi, sachant que je faisais à peine 35 kilos. Manger sainement, pourquoi pas, mais c’est surtout si le besoin s’en ressent; je crois que le plus important c’est de s’accepter, de s’aimer, peut importe si le repas se compose de légumes verts ou de pâtes bolo. Moi, la fille qui se gave de glace au chocolat et qui se sent magnifiquement bien dans son corps, ça me ravit :)
    Et des fois, on peut faire 49 kilos et se détester, c’est con hein ? Tout ça pour dire que le poids n’y est pas pour beaucoup, au final, c’est surtout la manière dont on se voit. Et si ça se trouve, aujourd’hui en gardant ces 5 kilos, tu es sans doute magnifique aux yeux de pleins de gens. Les 5 kilos, ils sont plus dans la tête qu’ailleurs, souvent…
    (mon premier com non polémique ! ouais ! )

    • LaëtitiaAutrice

      35 kilos ?? J’espère que tu es petite parce que ce n’est pas lourd du tout ça. Je sais bien que ce ne sont que des chiffres mais je ne sais pas, j’ai l’impression que je me sentais mieux quand je faisais 57 kilos… Bon ça ne m’empêchait pas de me trouver grosse de la cuisse et du fessier mais bon :x

      Merci pour ton 1er commentaire non polémique, ça fait plaisir ;)

  11. Ana

    Ah ça… c’est clair que c’est une question de perception. On n’est pas objectif face à nous même. Cela m’arrive souvent de me trouver hideuse un jour, et plutôt pas mal le lendemain. Parfois j’ai l’impression que rien ne me va dans ma penderie, qu’on ne voit que mes grosses cuisses… Aie aie aie.

    • LaëtitiaAutrice

      Bon bah on est toutes les mêmes, c’est officiel :p

  12. LaëtitiaAutrice

    Ah oui non, et puis lutter contre une morphologie, ce n’est pas tellement possible.

  13. La Chatte

    Je suis tombée récemment sur ton blog, en cherchant des recettes végétariennes :). J’ai eu exactement les mêmes problème, mais à l’inverse. Une sorte de boulimie (je m’envoyais des paquets de biscuits et des pains entiers au goûter) les premières années de collège, puis une prise de conscience et une surveillance acharnée de mon poids pendant au moins 7 ou 8 ans. J’ai été aidée par de gentilles camarades qui me disaient « t’es grosse et t’es pas belle » et par pas mal de moqueries car je ne suivais pas les modes ados comme un mouton. C’est drôle, car lors de mes périodes les plus mince, je faisais environ 50kg pour 1m63. Rien d’affolant non plus, mais comme toi, ma morphologie faisait que j’étais très osseuse (bonjour les os sous les clavicules, quelle horreur) ce n’était pas très beau à voir. Bref, tout ça pour dire que ton article me parle. Surmonter ses complexes est un long et lent processus, apprendre à s’accepter aussi, et certain(e)s n’y arrivent malheureusement jamais.

    • LaëtitiaAutrice

      Merci pour ton commentaire et bienvenue ici alors :) Pas facile facile de s’aimer en effet mais j’ai l’impression qu’en vieillissant, on est plus indulgent envers soi-même et donc mieux dans sa peau… On verra bien :D